Les précaires dans la culture !

Le texte qui suit, qui concerne les précaires de « Cinéma du réel », a été remis en mains propres à Franck Riester pendant la réunion qui a eu lieu aujourd’hui avec l’intersyndicale Culture.

Le ministre a déclaré être conscient que vivre avec une succession de contrats est un problème et qu’il se propose de prendre en compte la spécificité de l’organisation des festivals.

Parallèlement, il va porter une attention particulière sur le cas de la BPI qui pratique de manière récurrente une politique contractuelle indigne avec des agents recrutés pour six mois maximum, avec des quotités faibles, et qui vont être encore davantage précarisés en raison de la réforme du chômage.

Lettre du collectif des précaires de Cinéma du réel à Franck Riester

Nous sommes actuellement travailleurs-ses saisonniers des festivals de cinéma, alternant CDD d’usage, contrats de vacation, auto entreprenariat et périodes de chômage afin que chaque année une nouvelle édition des festivals et/ou événements puisse avoir lieu.

Jusqu’à présent l’ancien système d’indemnisation chômage nous permettait d’assurer des conditions de vie précaires mais tolérables entre chaque festival.

Nous cumulons des CDD de courtes périodes (de 1 mois à 4 mois en moyenne) qui, jusqu’en novembre permettaient l’ouverture et le rechargement de nos droits et une allocation journalière suffisante pour subvenir à nos besoins entre chaque contrat. Avec la réforme, qui ne permet pas aux salariés en CDD de maintenir un niveau de vie suffisant entre deux missions, c’est tout l’équilibre économique des festivals qui est remis en cause.

La nouvelle réforme va avoir un impact drastique sur le rechargement de nos droits sachant que nous ne bénéficions d’aucune sécurité de l’emploi car qu’il n’y a aucune assurance d’être repris sur nos missions d’une année à l’autre. De plus, chaque employeur propose des contrats différents, appliquant des politiques salariales variées, allant jusqu’à ne proposer aucun avantage qui pourrait compenser notre précarité : absence de prime de précarité, aucune augmentation de salaire d’une année sur l’autre, ne serait-ce qu’une régularisation corrélée à l’inflation… D’autre part, notre ancienneté est rarement valorisée.

Nous vous témoignons de notre situation particulière en travaillant à Cinéma du réel, festival international du film documentaire, organisé conjointement entre un établissement public, la BPI, et une association, les Amis du Cinéma du réel :

– différences entre les contrats temporaires BPI et les contrats temporaires de l’association (dans la prise en charge des jours de carence en cas d’arrêt maladie, dans les modalités de paiement des congés payés, dans la possibilité de bénéficier de tickets restaurant…).

– différences entre les permanents de la BPI qui bénéficient d’un cadre de protection et les contrats temporaires, qui en bénéficient peu : bas niveau et non évolution des salaires, non prise en compte des heures supplémentaires, primes, différence de traitement sur les journées de récupération…

Il est évident que le festival ne peut pas employer une équipe de 20 personnes à l’année car cela ne correspond pas aux besoins de l’événement. C’est pour cela qu’il existe des contrats de renforts mais ceux-ci doivent pouvoir recevoir un minimum de protection, surtout dans un établissement public qui se doit de respecter les conditions légales de travail.

Cette nouvelle réforme va rajouter une précarité supplémentaire dramatique à des conditions de précarité existantes déjà difficiles. Nous sommes des professionnels.les compétents.es, opérationnels.les et en même temps très flexibles et endurants.tes au vu des heures effectuées dans un temps imparti très court.

Nous travaillons de façon intermittente et nous exigeons un système de protection qui tient compte de ce statut. Nous voulons continuer nos métiers et à travailler pour les festivals et refusons de devenir encore plus précaires.

La culture a besoin de professionnels du métier !

Le Collectif des précaires de Cinéma du réel

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